La Bisou est devenue un incontournable en ce début d’avril. Un
parcours sélectif mais
surtout splendide. Cette année innovation, le départ a changé de sens : on part direction centre ville. Plus de 1000 cyclistes lancés « plein pot » sur les grands axes direction Bourg. Ca va vite, ca freine, ça relance, ça crie. Bref, le grand classique des départs de cyclosportives. L’an passé, je m’étais un peu laissé endormir au départ, jouant la sécurité. Cette année, pas forcement très bien placé dans le sas de départ, j’ai décidé de remonter le peloton un maximum avant la première difficulté. La stratégie du « Ca passe ou Ca casse ». Car faire un départ canon quand on a signé pour 4h30 de vélo, ce n’est pas forcement très judicieux.
Ca frotte, les ronds points sont pris dans les deux sens. Il faut rester très vigilant. Au dixième kilomètre, Henry.P me double en me demandant si je suis chaud :). Croiser Henry 10km après un départ, c’est rare mais en plus se faire doubler ca tient de l’exploit. Je me dis que je vais le suivre un moment. Lui aussi semble faire sa transhumance vers le haut de la meute. Je suis Henry quelques km mais les premiers petits talus dans les villages nous séparent. Bizarre:)
Marrant, je croise des gars que l’on retrouve sur le petits « virvir » du dimanche après midi FSGT/UFOLEP. Aux 20 ieme kilomètre, un gars habillé de pied en cap (
monture comprise) au couleur de Ag2r la Mondiale semble faire sa petite sortie cyclotouriste du dimanche matin. Il se fait appeler
Maxime B. Ni une ni deux, je le double. Ce n’est pas tous les jours qu’on double un pro. C’est bon on peut replier, l’objectif est atteint. Pas tout à fait, au loin un groupe s’échappe derrière la voiture ouvreuse. J’espère que Henry en fait parti.
Au trentième on recolle au peloton de tête. On attaque les S de Treffort et je ne suis pas si mal. Je croise « Mr Chaussette » de l’
ECPG (#134). Je lui dis « Ah on retrouve toujours les mêmes ». Il avait bien animé le
GP FSGT de Chambon lundi dernier. Le garçon semble dans sa course. Je n’aurai comme réponse qu’un regard austère. Les S de Treffort font le travail et le peloton s’éparpille. Je bascule assez bien placé. C’est là que l’on voit que je suis au cœur de la course, contrairement à l’an passé, car en haut du col, point de répit, ça relance.
Dans la descente, le 52x11 est de rigueur. Que « Saint Quintal », grand pote du vecteur poids, m’entende afin que je puisse me mettre au chaud dans le groupe 100m devant. Mais pour le coup je me fais doubler par un cycliste certainement touché par la grâce de « Sainte Thérèse de l’enclume ». Il envoie carrément et grâce à lui on recolle sur un petit groupe. Me remémorant les conseils de René.R, je reste à l’arrière du groupe. De toute façon ça roule tellement fort que je suis déjà heureux d’être là où je suis.
Au 50 ieme km on attaque la côte d’Arnans. Superbe village niché au sommet d’une crête. A mes yeux un des plus beaux passages du parcours. Au début de la côte je double Olivier.B qui me dit que les jambes ne suivent pas. Je double aussi Mr Chaussette qui semble à l’énergie. Avant la première épingle Olivier.B me redouble est s’éloigne au train. Saint Overstim’s l’a enfin entendu. A 1 km avant de basculer, un groupe se détache. Je ne fais pas l’effort de revenir. Au sommet, je me concentre pour prendre à la volée un truc bizarre de couleur orange marqué Vittel vers le ravitaillement (merci aux ravitailleurs pour les bras tendus). Dans la descente je me rends compte que le groupe devant sera vraiment dur à reprendre. Un coureur du
Team Des Dombes avec un Cannondale Vert (Mr Kiwi) fait la descente avec moi. Sur le replat il relâche un peu. Je me retourne il n’est plus là. Seul, je fais un effort conséquent pour rentrer sur le groupe devant. Ca me prendra au moins 3km. A plusieurs reprises j’ai failli me résigner. Je rentre sur le groupe et je me rends compte que je suis vraiment dans le rouge. Je me détends un peu et me restaure. Dans ce groupe d’une 10 aine d’âmes, il y a Oliver.B. On ira ensemble jusqu’au
viaduc de cize_bolozon. Malheureusement mon effort conséquent n’a servi à rien : je me rends compte que toute une meute est revenue sur nous. Je sais déjà que je vais le payer cash.
Le 70 ieme km arrive et nous atteignons la troisième difficulté. L’an passé au même endroit j’avais des prémices de crampes. Dans la bosse qui suit le viaduc, notre groupe s’éparpille. Je fais l’effort de rester dans les hommes de tête pensant lâcher une bonne fois pour toute « Mr Chaussette » et « Mr Kiwi ». Olivier n’est pas au mieux est disparaît des écrans radars. Je bascule dans un groupe de 10 personnes au sommet de Corveissiat. Je suis content on a bien fait le ménage. Je suis bien en forme. Je tiens des gars qui font facile 20kg de moins que moi. (Oui ben peu ou prou un cycliste normal ? - bon au fond de la classe vous sortez ! ). Je prends une bouteille de truc Vittel, pas mauvais d’ailleurs, histoire d’économiser mes bidons. Je fais l’effort rapidement de rester dans le groupe devant pour la descente. Ca roule très fort entre Corveissiat et Simandre-sur-Surant . Ca bordure un peu et les cuisses chauffent.
On attaque la dernière grosse bosse : Grand-Corent. Elle est longue mais je ne suis pas largué. Je suis assez content de tenir le rythme. J’ai des prémisses de contractions musculaires au sommet. La descente se fait à bloc. Tellement à bloc que je me vide la bouteille Vittel, débouchée et placée dans la poche arrière de mon maillot, sur les jambes et le bas du dos. J’adore avoir les jambes qui collent : un régal.
Au 100 ieme km, dans une bosse assez longue, première alerte je me fais sérieusement décrocher du groupe. Au mental je recolle dans la descente et je rejoins le groupe. Arrivent les deux terribles ascensions de Saint Martin du Mont. Un talus de 300m à 13/14% que tout le monde appréhende. J’essaie de le passer en souplesse mais mes jambes se tétanisent. Je recolle au groupe et avec étonnement je reste au contacte de mes compagnons d’échappée pour passer au sommet de la deuxième bosse de 800m agrémentée d’un ravitaillement. Il reste 25km de plat avec du vent. Le groupe met un petit peu de temps pour s’organiser mais finalement on y arrive. Bon en mallant on roule à 34-35 km/h. Un cycliste de Brion St Innocent (décidément) semblent encore très frais et prend des relais appuyés ce qui déstabilise un peu l’organisation des relais.
10 Km avant l’arrivé un motard remonte à notre hauteur et nous signale qu’un groupe de poursuivant n’est pas loin. Ce n’est pas un groupe c’est un peloton de 70 personnes emmenées tel un derny par Maxime.B, Mr Pro. Forcément on se fait reprendre. Ca part dans tous les sens. Fatigué, je suis à la fois déçu, en colère, démotivé qu’il nous ramène tout ce monde. Entre autre Mr Kiwi et Mr Chaussette qu’on avait fait l’effort de larguer dans les bosses. Un gars derrière moi me voyant me relever me pousse énergiquement. C’était un geste vraiment sympa, pour dire je ne me suis même pas retourné pour lui dire merci. Je m’en veux un peu. Me voilà reparti et deux gars sont dans la roue de Mr Pro au loin. Je fais l’effort pour les rejoindre. Je me fusille littéralement les cannes. Je me fais passer par l’ensemble du peloton et me voilà largué à 10 km de l’arrivée. C’est hyper rageant.
C’est vraiment dur de rouler à 25 à l’heure dans le vent. Cramé. Quand le mental n’y est plus c’est toute la machine qui est grippée. Je regarde tous les 200m mon compteur. Je passe la ligne vraiment fatigué et un peu écœuré que ça se finisse comme ça.
J’ai ma conscience pour moi et je peux quand même dire que j’ai roulé comme rarement j’ai roulé sur une cyclo (à mon modeste niveau). Je pense que je ne regarderai jamais le
classement. Mais boucler les 136 km de la Bisou à plus de 32.3 de moyenne, ça me convient largement.
Bravo à toute l’équipe de l’organisation de la Bisou. Parcours, signaleurs, motos, repas, ravitailleur, vidéo… votre événement est remarquable. Maxime BOUET était très sympa, souriant et accessible. Vraiment il ne jouait pas la star. Chapeau
Le
VC Druillat comme à son habitude nous fait un petit reportage photo aussi.